Réflexion sur la voix — Voyage à Vienne dans Consuelo (article japonais), Journal of Intercultural Studies, Kobe University, No.45, pp.55-67, 2015
Nous allons étudier principalement, dans cet article, comment George Sand décrit la « voix » de la cantatrice Consuelo, ainsi que la signification qu’elle lui donne, en analysant certaines descriptions présentes dans la partie ‘Voyage à Vienne’ de son ouvrage Consuelo (chapitres 63~81). L’héroïne, voulant se rendre dans la capitale autrichienne, décida de se travestir en jeune homme et de prendre comme « nom de guerre » celui de Bertoni (diminutif d’Albert). Ce choix montre que Consuelo avait laissé tomber définitivement Anzoleto, son fiancé infidèle, pour lier son destin à celui d’Albert de Rudolstadt. Un autre avantage de ce prénom était qu’il lui permettait d’être considéré comme « italien ».
Dans un petit village autrichien, où Bertoni chanta, on appela sa voix la « voix italienne ». A travers cette appellation se trouverait une évocation des « castrats», alors à leur apogée surtout en Italie. Consuelo, grâce à son déguisement ainsi qu’à son nom de guerre masculin, devient alors une sorte de « castrat paradoxale », pouvant traverser comme elle le souhaite la ligne démarquant les deux sexes. Ainsi, cela lui permet de voir, de manière plus lucide et plus objective qu’avant, les misères physiques et sociales des femmes.Sa voix lui faisait aussi office de « passeport », lui permettant de traverser les frontières européennes afin de travailler à un projet international plus vaste : celui de construire une nouvelle société idéale. Projet que nous retrouverons dans La Comtesse de Rudolstadt.