Lecture de Corinne de Mme de Staël au XXIe siècle
Corinne, riche d’images et de symboles, nous permet des lectures et interprétations variés. Nous étudierons des problématiques liés à la « nationalité » ainsi qu’aux rencontres entre cultures différentes.
C’est lors de la révolution française et des guerres napoléoniennes, que l’on voit naître le concept moderne de nationalité. Au début du XIXe siècle il n’y avait pas encore de “passeport” comme aujourd’hui, mais les gens voyaient grandir les mérites ou les inconvénients selon l’appartenance à un pays ou à un autre sur les documents officiels. L’on commença alors à s’intéresser aux différences de caractère « nationale » entre, par exemple, italien, français, anglais… Cela fut une des raisons de l’apparition d’un certain goût pour l’exotisme, l’une des caractéristiques des romantiques, et que l’on peut retrouver dans ce roman.
Souvent, cet ouvrage de Mme de Staël est placé parmi les premiers romans féministes dans l’histoire de la littérature française. Mais, si l’on définit « féministe » comme « celui qui accuse la situation injuste où les femmes se trouvent, et qui demande un droit égal pour celles-ci et les hommes », Corinne n’est pas tout à fait dans cette lignée. Ce qui fit le malheur de l’héroïne fut qu’elle aima Oswald qui réunissait « toutes les qualités qui font aimer, sans posséder celles qui promettent le bonheur », et qui, appartenant à une culture différente, choisit de ne pas en sortir. Il nous faudrait donc plutôt considérer ce roman en tant que tragédie causée par la rencontre et le conflit entre deux cultures différentes, plutôt que comme une tragédie causée par la situation des femmes et le concept de féminité à cette époque.