Voyage et Révolution dans Nanon de G.Sand (article japonais), Journal of Intercultural Studies, Kobe University, No.49, pp.51-66, 2017
En 1872, George Sand publia Nanon, roman écrit juste après l’époque où la France fut ébranlée par la guerre franco-prussienne (1870-71), la chute du seconde empire ainsi que la Commune. Dans ce roman à la première personne, l’héroïne, Nanon, née petite paysanne creusoise en 1775, raconte sa vie. A l’âge de 18 ans, pour la première fois, elle quitte son village, nu pied, pour aller à « la ville », Limoges. Pour sauver la vie d’Emilien, son ami, Nanon prend la route de Limoges, puis celle de Châteauroux. Après avoir vécu cachée dans le bois de Crevant, dans le Berry, elle rentre plusieurs mois après. Voilà son voyage. En examinant aussi Journal d’un voyageur pendant la guerre (1871) de Sand, nous étudions ce roman sandien via trois directions : « le voyage de Nanon », « la possession et l’argent » ainsi que « la France et le patriotisme ».
Dans l’oeuvre de Sand, écrivain fécond, il y a bien des ouvrages où les voyages occupent une place importante. L’exemple typique en est l’histoire de Consuelo. Dans Nanon, nous examinons le rôle que tient le voyage à travers : le passage de l’héroïne du stade de petite fille à celui de jeune femme sagace, et comme moyen d’observation de la société française sous la Terreur. De plus, nous pouvons constater que s’il y a évolution des idées de Sand à la fin de sa vie, concernant la révolution (à savoir son refus ferme d’utilisation de la violence et de la terreur comme moyen d’atteindre un but, et ce quelque qu’en soit sa noblesse), sa confiance inébranlable en la république et sa recherche incessante de justice sociale sont restées immuables. Ensuite, nous remarquons la position de l’écrivain sur les ventes des biens nationaux. Pour Sand, cela fait partie des actes révolutionnaires les plus importantes, car ayant permis aux paysans de devenir propriétaires de leur terre, ou d’en acquérir. En écrivant l’histoire de la vie de Nanon, Sand a réussi à décrire comment et pourquoi ces ventes ont changé la société rurale et la mentalité des paysans. Enfin, dans ce roman, on découvre aussi les traces d’expériences et les sentiments patriotiques de l’auteur dans les années 1870-1871, qui superpose, en quelque sorte, la guerre franco-prussiennes ainsi que la Commune aux guerres révolutionnaires et à la Terreur.